Écrire tout haut ce que je pense tout bas

18 novembre 1887
Au moment où naissent ces lignes, je ne sais si ma musique me survivra.                 Seule certitude : les paroles s’envolent et les écrits restent, raison pour laquelle je commence ce journal. J’ai depuis peu 21 ans et il est grand  temps pour moi de marier majorité avec liberté. LI-BER-TÉ . J’en ai déjà eu un avant goût l'an passé en réussissant à quitter le conservatoire, inconfortable maison aussi attirante qu’une prison, Dieu me préserve d’y retourner. Mais pour fuir ce carcan musical, il a fallu que je m’engage dans l’armée … d’où, là aussi, j'ai pu m'échapper par la grâce d’une pneumonie volontairement attrapée, je le confesse, poitrine au vent un soir d’hiver : réformé du 3ème régiment d’Arras (ces 4 mois là-haut m’ont semblé 4 siècles). Adieu képi rigide, paletot et retour à Paris. Voilà maintenant 3 mois que j'ai réintégré l'appartement de mon père et le fait est que je m'y sens maintenant aussi à l'aise qu'un hypocondriaque à un congrès de médecine.

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