Champagne !

27 décembre 1887
Aujourd’hui c’est champagne pour tout le monde ! ... mais en fait, non.
Pardonnez votre serviteur mais le pécule que m’a donné mon père quand j’ai quitté la maison n’autorise pas la roteuse, ce sera donc absinthe pour tout le monde et calva pour mes compatriotes normands. Mes chers fidèles liseurs, je suis fier de vous annoncer que pour la première fois, deux de mes compostions, « valse ballet » et        « fantaisie valse », ont été publiées dans le journal « Musique des Familles ».    
Voilà pourtant deux ans qu’elles étaient déjà couchées sur le papier.
De fait, mes quatre ogives composées (sans aucune barre de mesure n’en déplaise aux méchants) l’an dernier reprennent espoir. Depuis plus d’un an, elles sommeillent dans leur tiroir, probablement au grand bonheur de mes désormais anciens professeurs du carcéral conservatoire mais pas à celui, j’ose espérer, du public qui apprécie les artistes neufs qui combattent les « je-reste-sur-place ».
Mes ogives sont pures. Je ne les ai pas recouvertes de toutes ces lourdeurs orchestrales qui épatent tant la galerie « des oreilles poussiéreuses », vous savez, celle qui vassalise et fait l’opinion. Mais un temps viendra.
Hier je me suis rendu côté boulevard Magenta où mon père tient sa papeterie, convertie en librairie musicale puis en maison d’édition. Ne serait-ce pas pour faire plaisir à sa bien -ainée de dix années, accessoirement son épouse ? J’ai donc demandé à mon bonhomme de père s’il pouvait éditer trois accompagnements que j’ai composés sur des poèmes de mon ami C. de La tour. Il le fait pour cette Eugénie Barnetsche, il peut bien en faire autant pour mes petites pièces musicales et celles de mes amis n’est-ce pas ?
La prochaine fois, je lui parlerai aussi de mes « Sarabandes ».
Je m’habitue de mieux en mieux à mon bon quartier. Même si j’aime toujours autant fréquenter Notre Dame et la Bibliothèque Nationale, royaume de culture, je confesse que les nuits montmartroises me ravissent. J’ai encore récemment découvert, en haut de la rue des Martyrs, le Divan japonais, un café-concert où est aménagé au sous-sol   « un temple du bonheur. » Si vous saviez … il faudrait que je consacre un chapitre à chaque lieu que je découvre … plus tard peut être. Pour l’instant , je me prépare à me rendre au Chat Noir. Encore une fois. Mais cette fois-ci j’ai décidé que le garde suisse à l’entrée me présenterait à l’assemblée d’Hydropathes, d’artistes en tout genre et autres Lulus berlus sous le nom du              « Gymnopédiste ».


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